En voilà une bonne question. On pourrait même dire qu'il s'agit d'un autre mystère suédois. Il est vrai, on commence à le savoir : les suédois sont timides. Il y a même une règle suédoise : ne pas parler aux inconnus. Alors timide, oui, mais seulement aux premiers abords (et la réputation est vrai : ça va mieux avec un coup dans le nez !) Mais comment font ils pour avoir des amis s'il ne peuvent parler à personne ? Et comment rencontrer des suédois sans leur faire peur ?
Déjà, il faut reconnaître que notre coté latin à claquer des bises à toutes les joues que l'on croise n'est pas vraiment une bonne tactique d'approche (à moins qu'ils ne soient bourrés). Amis français, espagnols ou italiens : en Suède, un bisou-sur-la-joue est bien rare, alors imaginez si vous comptiez en faire 3-4 (en fonction des origines) !
Non, d'après mes différentes approches quotidiennes, je pense que l'on peut distinguer différentes étapes, chacune plus ou moins longues. On peut comparer ces quatre étapes successives à la conduite d'une vieille voiture :
La première étape : la contemplation. D'abord, on observe, heureux de pouvoir admirer une si belle voiture. Avec les inconnus suédois : c'est pareil. La première fois que l'on rencontre quelqu'un, on observe et on sourit poliment. Pas de contact. Au moins 1m50 entre chaque personne, il faudrait pas risquer d'abîmer la voiture... À la limite, les plus courageux peuvent tenter le croisement de regard. Ambitieux, mais risqué. Ça peut-être interprété comme une violation (en d'autres mots : car jacking).
La deuxième étape : le contact. Après plusieurs rencontres, on est autorisé à toucher la voiture, pour de vrai, fini le "on ne touche qu'avec les yeux". On garde le sourire au coin des lèvres et on tend notre main pas très rassurée vers la poignée. Pour faire simple, c'est la même chose avec nos suédois inconnus. Alors on s'avance, on sert une ou deux mains et surtout, on recule. Ne jamais oublier la distance de sécurité : 1m50 entre chacun. Sinon, l'antivol se met en marche et c'est tout un bordel qui s'enchaîne.
La troisième étape : le réglage du siège. La portière s'est ouverte, on s'est assis dans la vieille voiture et si l'on est chanceux sur le modèle, on peut régler l'assise à sa convenance. Magnifique. On se sent en confiance et on affiche un large sourire de satisfaction. C'est le moment où l'on envoie balader les règles de bonne conduite et où l'on s'élance à bras ouverts vers nos amis suédois. Et bim. Accolade. Ni trop court, ni trop long. Faut savoir juger. Ça s'accompagne parfois de deux petites tapes dans le dos, mais trois petites tapes restent entièrement réalisables, question de tactique. Voilà, le siège de la voiture est bien réglé, on est à son aise. Mais attention, le but reste de pouvoir conduire, le confort ne fait pas tout !
La quatrième étape : le démarrage. La clef tourne parfaitement, le moteur toussote un peu mais la voiture démarre avec un bruit qui donne des frissons. Le plaisir du devoir accompli. Il en aura fallu du temps pour arriver là. Personnellement, je n'ai vu ce moment qu'en photo. L'image affichait deux très bon amis suédois qui après quelques secondes d'accolade, déposaient chacun une bise sur la joue de l'autre. Du grand art. Ça doit demander une pratique immense. Une amitié entretenue comme le moteur d'une voiture de collection sans doute...
No comments:
Post a Comment